Dernier jour en compagnie de Julien et Raïssa. Nous en profiterons jusqu’au bout car devinez-quoi ? C’est la fête à Cusco. Défilé le matin et méga concert le soir devant des Pisco Sour.
Nous découvrirons les hermanos Tuypien (nous avons le CD pour ceux que cela intéresse).
Les petits sites valent le détour et la balade est bien agréable.
Aujourd’hui, une pensée émue pour ma famille (Sophie) qui est réunie dans son pays breton pour disperser dans la mer les cendres de ma tante Jo.
Le retour du Machu Picchu sera stressant, voire dramatique. tintintin. Comment imaginer que ce jour-là à Ollantaytambo, on fête l’anniversaire de la ville ? Qui dit fête, qui dit hôtel plein ou sans personne car il faut bien aller danser ou écouter le concert qui bat son plein au coeur de la plaza del armas.
Arrivés à 00h30, nous mettrons une heure pour enfin trouver un cocon parfait. Sophie en larmes après avoir refuser un taudis gentimment proposé par un habitant le coeur sur la main et le foie aussi. Los Palarmas de mémoire était fleuri, pas très cher et juste ce qu’il nous fallait. De toutes façons, nous n’avions pas le choix.
Une fois remis, nous monterons sur le fort inca qui surplombe la ville. Un temple de granite rose est consacré à une princesse. Ce fort est l’une des rares batailles gagnées contre les conquistadors et d’ailleurs on sent une forte appartenance à la culture inca.
La fête continue dans la ville. C’est étonnant cette fierté d’être dans l’administration, avocats, ou simple écolier. Impossible à imaginer en France. Un corporatisme oui, mais en réunions privées. 
Nous sommes emballés par l’ambiance de fête au village avec tous les stands de brochettes, truites grillées et autres mets péruviens préparés au grill.
Nous quittons la ville pour faire les 2 sites à voir avant de rentrer à Cusco : Maras et Moray. A Maras nous pouvons admirer des bassins destinés à l’évaporation du sel présent en grande quantité dans une source d’eau chaude. A Moray, il s’agit de terrasses qui auraient été utilisées par les incas pour faire des expériences agronomiques : chaque terrasse a une température différente, et cela permet de savoir quelles plantes peuvent pousser à un endroit donné.
Nous attendions ce moment avec excitation, même si le réveil à 4h du matin a été très difficile. Nous ne sommes pas déçus car nous aurons la chance de faire partie des 400 visiteurs à monter le Huayna Picchu. Sophie rencontre une ancienne collègue dans la ligne d’attente. C’est fou comme le monde est petit. Les premières images du site resteront gravées. Cette brume qui disparait petit à petit et ces premiers rayons de soleil. On s’imagine dans un film à la découverte d’un temple perdu. Chanceux, une fois de plus, nous le serons car à cette époque de l’année il n’y a pas autant de touristes que les guides le disent.
A 10h, nous entamons la moooooontée vers le temple de la lune. 1h à pic, 1h sur place, 1h pour redescendre. Une fois tout en haut, le Machu Picchu parait minuscule, les papillons nous entourent et nous profitons de ce soleil tant idolatré par les ancêtres péruviens.
Epuisés après notre descente, nos cuisses nous rappellent à l’ordre mais nous avons encore des temples à voir. L’orage commence à gronder, les visiteurs disparaissent. Nous devons être 50 environ. Le Machu Picchu est à nous : tellement vert, tellement gris, tellement fort. Nos photos en parlent encore. Nous sommes fatigués mais heureux.
Sur le chemin d’Aguas Calientes (passage obligé pour le Machu Picchu), nous nous sommes arrêtés à Pisaq, où se trouve un ensemble de ruines incas perchées sur une petite montagne. Cette cité comprenait des habitations, des thermes, deux temples, un observatoire astronomique, et des terrasses consacrées aux cultures. La visite du site sous un soleil bien présent nous donne de magnifiques coups de soleil, et la descente du site vers Pisaq est assez éprouvante, mais magnifique : nous descendons des escaliers à pic qui passent au milieu des terrasses. Nos jambes sont bien contentes d’arriver à bon port, et nous partons pour Ollantaytambo, où nous prenons le train pour Aguas Calientes.
Ce train est une abomination : il ne s’agit pas de la qualité du transport, mais bien du prix qui est complètement démesuré : étant donné que c’est la seule option possible pour parvenir à Aguas Calientes, les compagnies disposent d’un quasi-monopole et en abusent allègrement !
Il est 4h du mat’ lorsque le bus s’arrête au terminal de Cusco. Nous avions prévu une arrivée tranquille à 7h. On ne sent pas très malin, on appelle l’auberge réservée par Raïssa. On va prendre un taxi ; monter des dizaines de marches d’escalier et finir par enfin trouver où poser nos corps fatigués pour dormir quelques heures. Cusco est une ville magnifique ; capitale royale des incas et classée au patrimoine de l’Unesco. Nous ne pouvons nous empêcher de toucher ces pierres polies énormes disposées comme dans un jeu de construction avec des tenons et des mortaises hyper stylisées. Il semble étonnant que ces constructions larges à la base et plus étroites ensuite n’ont pas été conservées par les espagnols à leur arrivée. Car ce sont bien ces bâtiments qui supportent le mieux les tremblements de terre.
Nous comprenons assez vite la dévotion inca pour leurs montagnes (Pacha Mama : déesse de fertilité), leurs rochers. Il y en a partout et ils sont utilisés pour tout. On en retrouvera jusque dans le monastère jésuite. Un dieu inca au nom imprononçable à la porte d’entrée. D’ailleurs, tout est étonnant. Comment les indiens ont créé une école de Cusco avec des tableaux d’une qualité digne de nos écoles européennes avec quelques « plaisanteries » qui ne passaient pas pour des blasphèmes : Juda a systématiquement la tête de Pizarro ; la Cène représentée avec à la place du poisson un « Cuy » (cochon d’inde : met exquis et fin que nous avons eu la chance de goûter) ; le Christ en croix a la tête baissée ; l’armée de Pilate est étrangement vêtue de casques et armures de conquistadors ; etc.
Ces représentations « maison » permettaient aux jésuites d’intégrer plus facilement les indiens dans le catholicisme (ça et d’autres manières que vous pouvez imaginer).
Autant la colonisation espagnole semble violente, autant nous commençons à ne plus être dupe sur l’histoire. Bizarrement chaque guide nous présente son lieu de culte comme un ancien endroit inca en occultant complètement l’essence historique du lieu. Cela sent le discours « spécial touristes » à plein nez car à chaque fois qu’on leur pose une question, nous n’avons pas de réponse ou alors imprécise au possible !
En fait, les espagnols ont beau avoir cherché à détruire la civilisation inca de façon systématique, il ne faut pas oublier que les incas eux-mêmes étaient devenus sur la fin un peuple guerrier et impérialiste : en 40 ans ils ont conquis un territoire allant de l’Equateur au nord du Chili et de l’Argentine, en passant bien sûr par le Pérou et la Bolivie.