Les Gentils amoureux

A l’heure où j’écris l’article, nous sommes déjà rentrés sur Bet Shemesh chez les sœurs et j’entends au loin leurs voix. Vu le contexte, cela donne des airs de Chrétien de Troyes. On revient de deux jours dans le désert et de notre première après-midi dans Jérusalem, ville sainte et disputée à l’extrême.

Notre périple dans le désert était un moment spécial. Tant de désolation et de quiétude à la fois. Nous avons eu la chance de faire une marche de 3 heures au milieu des roches volcaniques, sables et autres terres si différentes, si colorées. Le tout après avoir visité la forteresse d’Avdat, ville nabatéenne qui a connu ses années de gloire lors de la route de l’encens (Petra était la capitale du royaume nabatéen à cette époque-là). Nous nous sentons bien et ces deux jours nous ressourcent avec la petite surprise party pour notre couple irlando-gallois qui fêtait ses 32 ans de mariage. Ce Robert était un spécimen. On a bien rigolé !

Si c’était à refaire, nous aimerions bien repartir avec des personnes expérimentées pour camper, discuter autour de textes, faire du feu, aller à la rencontre des animaux du désert et se retrouver.

Après une nuit dans la maison de l’Emmanuel à Tibériade et un accueil très chaleureux, nous nous réveillons pour le lever du soleil sur le lac : les couleurs sont magnifiques. Ce moment est suivi quelques minutes plus tard par un défilé de perruches curieuses des nouveaux visiteurs.

L’excursion dans le Golan aux sources du Jourdain et à la citadelle de Nimrod restera comme l’un des beaux moments du voyage. La végétation luxuriante après le quasi désert du reste du pays est assez marquante, et les restes de la forteresse sont très impressionnants.

Acre, qui était la ville des croisés, a été complètement reconstruite depuis. Malgré cela, nous avons beaucoup apprécié la vieille ville, musulmane, en particulier du fait que nous sommes arrivés pendant la fête suivant l’Aïd-el-Fitr qui dure 4 jours. La ville est belle, on s’y perd facilement mais c’est très agréable. Les visites que nous avons faites ne nous ont pas convaincus : très courtes et peu de choses à voir. Cependant la ville nous a laissé un bon souvenir.

Pour terminer la journée, direction Haifa pour voir les jardins Baha’i, qui se trouvent au siège de cette religion. Encore une fois, ce n’est pas ce que nous imaginions, le jardin est magnifique, mais moins de 10% en est visible aux touristes.

Un moment magique de ce trajet a été également la nuit passée dans un monastère caché derrière un kibboutz au-dessus de Harabe. La sœur nous a accueillis comme si nous étions de la famille, et le lieu était vraiment propice au repos, à la méditation, au reccueillement, en particulier la petite église creusée dans la roche.

Voici un petit diaporama de ces étapes.

Déjà sur place, nous profitons du début de matinée dans le « sanctuaire » des Béatitudes.
Une atmosphère particulière à l’intérieur. Malgré l’agitation touristique de dehors, l’intérieur est assez calme et les pèlerins très concentrés.
Le parc autour est bien entretenu, des petits autels sont aménagés pour les groupes et font donc fleurir des minis messes un peu partout. Encore une fois la richesse du lieu nous trouble un peu car cet endroit est géré par des sœurs.
En route pour Tibériade
Repéré le soir d’avant, nous décidons d’aller cette nuit dans la communauté de l’Emmanuel. Elle possède une maison d’accueil très chaleureuse que nous découvrons après un petit passage à l’église catholique Saint Pierre et un bout de plage de cailloux.

Les sacs déposés, nous partons pour Tsfat (ou Safed), une petite ville perchée dans les collines, habitée uniquement par des juifs (avant 48, la moitié de la ville était arabe (chrétienne ou musulmane donc) et aujourd’hui toute la ville est entièrement juive…cela nous laisse amer).
Surprise agréable, très peu de touristes en vue et la nourriture y est donc pas trop chère est très bonne. La ville est globalement très jolie avec les ruelles pavées et les murs en pierres blanches et le quartier des artistes regorge de sculptures, peintures, bijoux mais tout est axé sur le judaïsme.
Les autochtones sont d’ailleurs souvent vêtus de l’uniforme typique avec leur tortillas sur les oreilles, leur grosses barbes et leur chapeau ou kipa. On essaie de ne pas trop sourire et on sait qu’il nous est difficile de les prendre en photos.

Vu l’heure, nous optons pour Capharnaüm pour la dernière visite de la journée.
Ce sera l’un des moments les plus beaux et spirituels de notre séjour. L’endroit est paisible et le coucher de soleil sur le lac restera inoubliable (comme les crêpes et la soirée avec les gens de l’Emmanuel).

Après une soirée magnifique chez Jean-Pierre qui comme à chaque fois aura su épater nos papilles et nos zygomatiques, nous avons décollé de Genève, Flo, Aurélien et moi pour Tel Aviv.

Arrivés à Deir Rafat, au couvent des sœurs de Bethléem où Pascal (Papa de la famille Gentils) passe une année en tant que volontaire. Autant dire que nous étions fatigués mais cet accueil tellement chaleureux, tellement souriant, tellement nourrissant (dans tous les sens du terme : « non, merci ma sœur, cela fait déjà 3 fois que je mange du poisson, je vais me transformer en poisson ») nous a vite remis sur pieds. Le travail réalisé par les volontaires est impressionnant. L’idée est de faire que redonner une vocation d’accueil à ce lieu sacré « Marie, Reine de Palestine ».

Dès nos premières discussions, il nous est difficile de ne pas sentir la fragilité des relations entre musulmans, chrétiens par rapport aux juifs dans le pays. Le lieu où vit Pascal était une école tenue par d’autres religieuses. Tous les enfants palestiniens ont bien sûr disparus de ce qui était l’école. Il a fallu trouver une autre vocation au lieu. Les chrétiens doivent faire entendre leur voix et accueillir des pèlerins pour maintenir une vie sur la Terre Sainte.
Après ces considérations politico-religio-philosophiques, pour faire court, nous avons commencé notre périple par la Galilée avec LA ville catholique par excellence, Nazareth, mais dont le centre est trop chaotique pour transporter les cœurs. Du coup, nous sommes assez rapidement partis pour Tibériade. Comme nous nous y prenons un peu tard, nous allons être « à la porte ». Il faut s’imaginer que le soleil se couche vers 16h30 et qu’il fait nuit noire à 17h. Résultat, nous nous sommes retrouvés dans le palace des sœurs franciscaines en haut du Mont des Béatitudes. La classe ! Un peu chère et un peu trop classe pour nos prétentions mais le coucher de soleil sur le lac de Tibériade méritait cette petite entorse à notre budget. Aussi parce qu’on aura rencontré la mère supérieure en charge de tout le moyen-Orient, cette soirée aura été réussie. (Elle parle 16 langues !!)

Nous voici en Galilée et cette première journée sera le début de jours de plus en plus forts.